
Si vous pouviez aller vous restaurer avec un personnage historique, avec qui iriez-vous ?
Quant à moi, je n’ai pas à me poser la question, car cela m’arrive de temps à autre, comme la semaine dernière sur une terrasse parisienne avec mon ami Patrice Blanc-Francard.
Vous raconter Patrice, c’est vous raconter un pan de l’histoire de France. Pas celle des hauts faits d’armes relatés par les historiens ou celles qui font état des avancées scientifiques. Non, PBF - comme on l’aime à le surnommer - appartient de son vivant à l’histoire de l’innovation, de la culture et de la création de notre pays et j’ai eu l’énorme chance de travailler sous sa direction.
Lors de notre première rencontre en 1996 j’étais dans une sorte d’état de sidération. Rendez-vous compte ! Je découvrais l’homme qui avait sauvé mes samedis soirs d’adolescent, avec « Les enfant du Rock », l’émission TV révolutionnaire d’Antenne 2. J’étais reçu par l’animateur-producteur de « Bananas » que j’écoutais religieusement sur France Inter en faisant mes devoirs, sans oublier aussi « Loup-Garou », émission culte du service public. Au bout de 15 minutes d’entretien, il me dit avec l’élégance et la décontraction que nous lui connaissons « Que fais-tu demain ? »
Moi : « Heu.. Je peux me rendre disponible »
Lui : « Viens ! »

C’est ainsi que sur les recommandations d’Annie Morillon, j’ai participé au developpement de Disney Channel France, une époque formidable, la création du premier Disney Tv en dehors des USA.
J’ai des dizaines anecdotes à vous raconter sur cette période. PBF a mille histoires fascinantes à conter sur les légendes de la Soul, du Rock et du Jazz qu’il a interviewées dans des moments uniques. Comme, quand il passa voir son ami Claude Nobs, le fondateur du festival de Montreux, en Suisse et se fit ouvrir la porte par Quincy Jones et Nastassia Kinski.
PBF a autant de confessions à nous livrer sur le festival « Étonnants voyageurs » dont il est le vice-président, que sur les médias dont il était à la tête : Arte, Europe 1, TV6 l’ancêtre de M6 où il a fait démarrer à la télé deux petits jeunes - Delarue et Nagui, Le Mouv, etc. Quelle que soit la direction vers laquelle vous porterez le regard sur le parcours de Patrice, la musique sera présente. Il cultive un rapport physique avec cette addiction fortement recommandée pour la santé. Il recherche l'épaisseur, la légèreté et la fluidité de l'interprétation des plus grand génies. Vous en aurez un aperçu avec deux inventaires, deux incontournables, de PBF que je vous recommande fortement :
« dictionnaire amoureux du Jazz » Plon éditions bit.ly/3HqxMKs
et
« Rock my soul » Calmann-Lévy bit.ly/44irzKc

Et il y a eu ce jour béni, fondateur dans ma carrière. Si j’ai pu apporter mes réflexions, mes analyses et des éclairages sur l’objet sport dans dans des productions tv et radio, dans des magazines, créer le Club Sport & Démocratie, contribuer à des communications, donner des conférences et participer à l’ouvrage collectif « Une histoire mondiale de l’olympisme » Éditions Atlande, et prochainement à l’ouvrage collectif « Olympisme, une autre histoire du monde » La Martinière, je le dois à ce jour béni et à PBF.
Dans les couloirs de Disney en 1997, le quotidien l'Équipe sous le bras, j’essayais de transmettre ma foi, de convaincre mes collègues, complétement hermétiques au sport, de l’importance de ce phénomème de société.
Oui ! Bien heureusement, il y a eu ce jour béni. PBF me dit au détour d’un couloir des bureaux de l’avenue Rapp « Passe-me voir dans mon bureau ».Je ne m’attendais pas à cette convocation qui bouleversait mon planning et ne me rassurait pas. Face à lui, inquiet dans un premier temps, je fus rapidement rassuré par son sourire, suivi d’une question qui résonne encore comme si c’était hier « Tu pourrais produire un magazine sur le foot ? ».
Un jour béni, suivi l’année d’après par une autre question « Çà te dirait de présenter le journal de la Coupe du Monde ». Je lui dois énormément. Je lui suis reconnaissant d’avoir m’avoir donné les moyens de vivre de ma passion.
Une autre anecdote me vient à l’esprit. J’avais à coeur de lui présenter une nouvelle idée de programme. Il m’a écouté une première fois attentivement avant de me signifier qu’il n’y croyait pas. Je suis revenu une 2e, 3e, 4e fois, où il m'opposa toujours le même refus. Cependant, sans me le montrer, il avait vu que j’avais tenu compte de toutes ses remarques et fait évoluer mon projet. Je ne l’appris que bien plus tard. A la 5e tentative, il me dit une nouvelle fois que ce n’était pas une bonne idée. Alors que je sortais de son bureau, résolu à laisser tomber, il me dit avec malice « Je n’y crois pas, mais montre-moi que j’ai tort ». Tout le « Système PBF» est dans cette simple phrase. Vous comprendrez la dimension immense de l'honnête homme* si vous vous accordez sur son diapason. Je me suis remis au travail, il accepta la 6e mouture. Çà c’est vraiment lui, une personnalité pour qui j’ai la plus grande admiration.

Vous l’avez bien compris, j’ai plaisir à retrouver de temps à autre PBF et je suis profondément ému pour l’amitié constante et si précieuse qu’il me témoigne. Si le PDF est un langage standard ouvert et complétement sécuriser pour la prise en charge de tous les documents informatiques, le PBF utilise un langage ouvert sur le monde et renforce l’épanouissement d’une culture populaire de qualité. Qu’il en soit remercié.
*Homme du monde accompli, d'un esprit cultivé mais exempt de pédantisme, agréable et distingué tant dans son aspect physique que dans ses manières, idéal de l'époque classique (xviie-xviiie s.). Larousse
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